Discours de Pierre Allorant, président de l’Association des Amis de Jean Zay lors de l’inauguration du monument en l’honneur de Madeleine et Jean Zay vendredi 10 novembre 2023

Monsieur le Ministre, Mme la Préfète de région, M. le Recteur, le Président de région, Monsieur le maire, Mmes et M. les parlementaires, Madame la directrice des Musées, chères Catherine et Hélène, chers Anne et Patrick Poirier, cher Pascal, chère Isabelle,

Au cours de sa si précoce et fulgurante vie politique, brutalement brisée par sa captivité puis par son assassinat, Jean Zay a participé à de nombreuses tablées de banquets républicains, d’abord aux côtés de son père Léon, puis comme militant radical dans l’Orléanais, enfin à la faveur de la venue à l’Hôtel Groslot du chef du gouvernement Léon Blum, accompagné de Pierre Cot et de Jean Moulin, en octobre 1936, et lors de la visite du Président de la République pour les fêtes de Jeanne d’Arc le 8 mai 1939 à la salle de l’Institut.
Anne et Patrick Poirier nous invitent au Souvenir de la solitude de Jean Zay, à la mémoire de son action et de ses souvenirs en des temps d’amnésie et de menace contre la République. L’association des amis de Jean Zay est heureuse de s’associer à cette célébration de la convivialité et de l’amitié, sentiments qui l’ont toujours animé depuis Jean Cassou et Marcel Abraham jusqu’à Antoine Prost et Pascal Ory.
Les artistes ont voulu évoquer Madeleine et Jean Zay à travers la table en forme de feuille de saule, vue comme table d’imprimerie du typographe.
Le 1er janvier 1937, c’est à un vieil ouvrier typographe, Émile Chautard, que Jean Zay remet les palmes académiques. Le ministre évoque ses …impressions de jeune journaliste, rue des Carmes : « Pour le typographe, on m’excusera de me souvenir et de dire le plaisir particulier à le célébrer. Fils d’un vieux journaliste, 40 ans de profession, qui est resté volontairement fidèle à elle, sans jamais, malgré les tentations, céder à l’attrait des chemins divers et tentants de la politique et du Parlement, plus courageux en cela que son fils, son ancien secrétaire de rédaction, je me souviens trop de ce qu’à travers la petite vitre du quotidien paternel représentait pour les passants qui nous regardaient du trottoir le typographe derrière sa machine, ce magicien mystérieux qui faisait naître sous ses doigts la traduction matérielle de la pensée de l’artiste, du journaliste ou de l’écrivain ».
Avec la préoccupation de la jeunesse et de l’amitié, la fidélité est une valeur centrale pour Madeleine et Jean Zay, fidélité incarnée sans relâche par Madeleine Zay de la Libération à sa disparition, relayée par ses filles Catherine et Hélène, combat mémoriel qui aboutit aujourd’hui à cette réalisation par laquelle un couple d’artistes rend hommage à un autre couple. Le lieu choisi, ce Parc Pasteur, havre des premiers amours de générations de lycéennes et de lycéens orléanais, sera accueillant pour cette mémoire vive. Un autre lieu, pourrait, devrait, demain être associé au couple de Madeleine et Jean Zay, le campus…Madeleine qui ouvrira bientôt au débouché de la rue des Carmes du Progrès du Loiret de Léon Zay.
L’université et la métropole d’Orléans s’honoreraient de l’intituler : « Campus Madeleine et Jean Zay ».
Merci à toutes et à tous d’accompagner Jean Zay de l’Amnesia au souvenir entouré de l’amitié. Face à l’obscurantisme de la haine et à la laideur de la barbarie, l’Éducation nationale et les Beaux-Arts demeurent les meilleures réponses de notre République.
Le 8 novembre 1942, il y a 81 ans, apprenant le débarquement allié en Afrique du Nord, Jean Zay écrit : « L’air confiné de la prison s’allège, s’épure autour de moi. Il paraît s’emplir d’une tiédeur d’espérance, se peupler d’invisibles ailes dont le doux battement est un appel à la liberté ».