Cérémonie d’hommage au lycée Jean Zay
L’inauguration de l’amphithéâtre du Lycée Jean Zay, le 7 mars dernier, a été l’occasion de sortir de l’ombre le nom d’une femme d’exception : Marie Mitler-Jacobson (Odessa, 1873-Auschwitz, 1944).
D’une famille juive d’Odessa fuyant les pogroms de l’empire russe, Marie émigre en France en 1899 et suit ses études de médecine à Paris. Naturalisée française en 1906, comme son mari Salomon Jacobson, natif d’Odessa et également médecin, elle s’installe et exerce à Cléry-Saint-André et puis à Orléans.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, alors que son mari est mobilisé comme médecin-major, Marie n’étant pas admise, à cette époque, à servir dans l’armée française, se rend utile autrement : en devenant membre fondateur du Comité de secours aux blessés, en fondant l’hôpital de Cléry-Saint-André (1914-1917), qui accueille les soldats en convalescence et dont elle assure bénévolement la fonction de médecin-chef et le service pharmaceutique.
Á la fermeture de l’hôpital, elle exerce les mêmes fonctions à Orléans dans l’annexe de l’école de rééducation des mutilés de la guerre où sont soignés les soldats invalides, français et serbes. Pour son dévouement, sa conscience professionnelle et son patriotisme pendant la guerre de 1914-1918, Marie est décorée de la médaille de la Reconnaissance française.
La paix revenue, Marie poursuit son activité de médecin et s’implique dans la vie associative dans le but d’améliorer la société. De 1922 à 1939, elle adhère à la Ligue française pour le droit des femmes, est membre de l’Œuvre orléanaise des consultations de nourrissons, dirige le dispensaire où elle donne bénévolement des consultations et dispense des conseils de prévention pour lutter contre la mortalité infantile. En 1937, elle fonde à Orléans Le Foyer féminin pour venir en aide aux jeunes femmes et mères célibataires. Sa vie est riche d’activités philanthropiques qu’elle partage avec son amie Madeleine Zay. Les deux familles se fréquentent et s’apprécient. Après les bombardements de 1940, sa maison est en ruines : Marie trouve refuge chez les Zay.
Pendant l’Occupation, victime des lois raciales du régime de Vichy, elle refuse de fuir ou de se cacher, malgré les incitations pressantes de ses amis. Elle est arrêtée le 22 février 1944, en même temps que Max Jacob, puis transférée au camp de Drancy. Elle y reste jusqu’au 7 mars : il y a donc exactement 78 ans qu’elle a été déportée par le convoi n°69, à destination d’Auschwitz-Birkenau où elle a été assassinée dès son arrivée.
Au cours de l’hommage rendu à la mémoire de Marie Mitler-Jacobson et de son œuvre, Bruno Di Nallo, proviseur du lycée et Hélène Mouchard-Zay ont dévoilé la plaque commémorative, dont le nom inscrit est désormais attaché à l’amphithéâtre du lycée.