Allocution d’Aliénor CHAUVIN,  lycéenne, 20 juin 2010

En hommage à Jean Zay

Qu’y-a-t-il dans un nom ? Ce n’est rien de concret, un nom. Cela ne révèle rien ou si peu sur ce qu’il y a derrière. Et pour la plupart, que veut dire ce nom, Jean Zay ? Une avenue, un lycée, une école primaire, une plaque commémorative devant laquelle on passe sans se retourner. Un nom bien présent et qui, paradoxalement, se fond dans notre environnement jusqu’à s’y perdre. Pourtant, il y a un homme derrière ce nom, un homme dont la vie et l’œuvre politique, par les avancées majeures qu’elles ont offertes à la France, ne peuvent être négligées.

Jean Zay eut une carrière exceptionnelle tant par la fulgurance de son ascension que par son incroyable efficacité en tant que membre du gouvernement.

Jeune avocat prometteur, il devint, à 27 ans, le plus jeune député de la France d’alors sous la bannière du Parti radical.

A 31 ans, il fut nommé sous-secrétaire d’Etat à la présidence du conseil par Albert Sarraut.

Quelques mois plus tard, en juin 1936, le Front Populaire emporta les législatives et, le 4 juin, Jean Zay fut nommé Ministre de L’Education Nationale et des Beaux-arts par Léon Blum.

Dès lors, il n’aura eu de cesse de faire progresser la France dans les domaines qu’il régissait et les nombreux changements dont il fut l’initiateur sont encore perceptibles de nos jours.

Cependant, le temps efface. Lorsqu’aujourd’hui la question d’augmenter le nombre d’élèves par classe fait débat, on ne saurait ignorer Jean Zay pour qui  limiter les effectifs fut une décision prioritaire. Homme  politique plus que pédagogue, Jean Zay a remarquablement œuvré à la démocratisation de l’enseignement, en bâtissant les fondations de l’école actuelle. Ce fut un ouvrier au service de la République et de ses institutions.

Avec Irène Joliot-Curie puis Jean Perrin, il fut à l’origine de la création du CNRS qui vit le jour en octobre 1939.

Il ne négligea pas plus les  « Beaux-arts » dont il était en charge. Homme de conviction, choqué par l’idéologie portée par la Mostra de Venise en 38, il forma le projet du Festival de Cannes. Cannes, aujourd’hui connu de tous, et dont la première édition aurait dû se tenir en septembre 39 si la guerre n’avait éclaté.

Guerre pour laquelle Jean Zay démissionna et s’engagea, prouvant à tous qu’avant le ministre, il y avait un homme prêt à abandonner son poste pour servir et défendre son pays.

Volontaire et droit, il refusa (…)  la possibilité de s’évader après son incarcération, incarcération que ses opposants justifièrent par une prétendue désertion devant l’ennemi.

Mais ce n’est pas la prison que voulait le gouvernement de Vichy pour Jean Zay, c’était la mort. Cette mort du « Juif Jean Zay » réclamée par Philippe Henriot, ministre de l’Information. Et que peut faire un homme contre un gouvernement ? La foi inébranlable de Jean Zay en la justice est à la fois tragique et remarquable. Elle causa sa perte en attestant une dernière fois de son intégrité.

Néanmoins, qui, hormis ceux ici rassemblés, se souvient de Jean Zay ?

A ne pas pouvoir rendre justice à tous, l’Histoire finit par effacer ceux qu’on ne devrait pourtant pas oublier. Nous sommes les garants de l’œuvre de Jean Zay. Nous portons sa mémoire. Et ce serait l’assassiner de nouveau que de l’oublier, lui et les valeurs pour lesquelles il s’est battu.

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